Chambre quelconque d'une taverne quelconque [Terminer]

Suika monta les marches de la taverne, ouvrit une chambre au hasard (heureusement, c'était la bonne) et déposa son fardeau sur le lit de paille commun. Elle le recouvrit mal d'une couverture, puis alla s'étendre au sol, où elle s'endormit presque instantanément. Elle dormait sur le dos, en étoile avec son bras gauche posé sur son pas-de-poitrine. Elle ronflait quelque peu. C'était un joli tableau, avec ses cornes qui ressemblaient à des rayons de soleil, placés comme ça sur le sol. Seulement, le soleil allait se lever dans deux ou trois heures.

[On vient d'ici]

Tsubasa finit par s'éveiller par des stimulis qui auraient pu être agréables, s'il n'avait pas eu ce mal de crâne atroce. Le joli cuicui des oiseaux sonnait plutôt comme un concert de casseroles et la lumière du soleil était agressante comme la nudité d'une personne âgée. De plus, il lui semblait que ses mains lui faisait mal. Il enleva ses gants et regarda l'état général de ses doigts. Décidément, il y avait de l'eau dans ce saké. La souffrance provenait de sa peau devenue caoutchouteuse se desséchait après s'être déformée. Le contact du soleil lui fit du bien, ses mains retrouvèrent en peu de temps un aspect plus humain et il pût remettre ses gants.

Une fois ceci fait, il prêta attention à son environnement. La texture rêche de la paille et surtout, Suika étendue désinvoltement, tout près de lui. Il pouvait quasiment sentir son souffle tandis que son parfum grimpait dans ses narines, ce parfum fruité enfantin. Il était quasiment envoûté, fasciné par l'échancrure invonlontaire du chandail qui dévoilait la naissance de l'absence de seins.

Troublé, il fixa le tableau un bon moment, indécis. Il avait envie de toucher les cornes. La puberté hormonale de son côté poulpe se faisait très insistante. Alors, timidement, il toucha une corne, les cheveux puis remonta un peu la jupe pour apercevoir brièvement ses sous-vêtements. Malheureusement, un morceau de vêtement obstrua sa vue et ceci le ramena à l'ordre.

Intimidé, il recula brusquement sa main Je ne dois que regarder... Rien d'autre... Dormir ne signifie pas consentement... Vite, réveille toi... J'espère que quelqu'un va venir me déranger...

Suika ne se réveilla pas. Au contraire, elle continua de dormir, mais elle se tourna dos à Tsubasa, bien évidemment sans le savoir. Ses jambes s'emmêlèrent dans sa jupe alors qu'elle se retourna, bloquant une éventuelle vue et lui donnant une étrange posture, rappelant un peu un pendu, mais couché et sans corne. Par contre, sa tête resta droite, car ses cornes, dont la texture faisait penser à des bois de chevreuil en plus lisse, l'empêchaient de bouger de côté. Elle bavait légèrement, son rêve d'une rivière de saké hantant son esprit déjà bien entamé par ce même liquide.

Elle a bougé... Est-elle réveillée?
Au aguets, il retint quasiment son souffle pour être sûr d'entendre le moindre son signalant son éveil. Cet intermède contribua grandement à calmer son esprit qui s'échauffait. En outre, cette nouvelle position avait l'avantage de dérober à son regard l'échancrure tentatrice et bloquer la possibilité d'un ''pantieshot''.

Allez, je dois penser à des choses ennuyantes... Un oiseau dans un arbre... Un dauphin dans l'océan.. Avec un autre dauphin... Non... Je pourrais peut-être l'éveiller? Mais c'est peut-être ma seule occasion où je côtoierai une gentille démonne d'aussi proche, de prendre des cours d'anatomie sur eux... Je ne vais que toucher sa corne, elle était si douce...

Ce qu'il fit, rassuré par le bruit apaisant des ronflements. Puis, il entreprit de natter la chevelure avec une certaine tendresse et délicatesse dans ses mouvements. Puis, ceci fait, il referma les yeux et se laissa bercer par le ronflement sonore et les effluves remplis de phéromones de la loli.

C'est en pensant : Je ne deviendrai certainement pas un lolicon, qu'il laissa le temps s'écouler et que son esprit redevint chaste et pur.

Suika finit par se réveiller d'elle-même un peu plus tard. Elle se redressa et s'assit au sol, les jambes bien devant elle, tout en se frottant les yeux avec ses poings. Puis, elle s'étira grandement en baillant.

-Ouaaaaah! Bien dormi, moi! Mais j'ai un peu soif... Gougourde? Où es-tu gougourde?

Tout en cherchant as «gougourde», Suika finit par remarquer Tsubasa. Elle prit quelques secondes avant de se rappeler qui elle était.

-Ah, salut! Ça va mieux, ce matin? T'as vomi partout et tu t'es endormie, alors je t'ai transportée ici. Tu t'es même pas réveillée tellement t'étais amochée, haha!

Suika se leva, prit quelques gorgées de saké et remarqua ses cheveux.

-Tiens, j'ai les cheveux nattés? Ça fait longtemps que j'y ai pas touché, à ces cheveux... C'est toi qui a fait ça? Bah merci, j'imagine, ils vont moins voler partout quand on va courir dans les rues.

Par courir dans les rues, Suika voulait dire s'enfuir du tavernier. Elle avait beaucoup bu hier en échange de travailler toute la journée pour le tavernier, mais ça ne lui tentait plus ce matin.

-Bon, alors voici ce qu'on va faire. Late s'est probablement endormi en bas, puisqu'il n'est pas monté à notre chambre. Tant pis pour lui, c'est trop dangereux de passer par là pour moi... Ce que je propose, c'est que tu sortes par devant, tournes à droite et entres dans la première ruelle que tu voies. Je vais être là parce que je vais sortir par la porte d'en arrière, afin de «faire des travaux», tu vois ce que je veux dire? De là, on court!

Tsubasa rouvrit les yeux (il ne faisait que méditer^^) lorsque le ronflement diminua en intensité. Il observa donc le réveil de la loli avec fascination.
C'est à ça que ressemble un démon au réveil? Elle est vraiment pas ordinaire pour boire ça dès le matin... Etooo.. le saké peut causer des problèmes de foie à ce que j'ai entendu dire... Est-ce que ça veut dire que les démons n'ont pas de foie... ça a du sens, étant donné qu'ils n'ont déjà pas la foi...

Ces pensées ma foi pertinentes furent abrégées lorsqu'elle prit la parole. L'apprenti-buveur écouta sagement et hocha la tête en signe d'assentiment.

Ce n'est qu'en repassant devant le comptoir que Tsubasa eu un doute. : La droite... c'est quel côté ça ? oh flûte, j'ai oublié... Par conséquent, il demanda au tenancier de quel côté c'était. C'est en le remerciant qu'il sortit sans le moindre remord et se dirigea vers là où devait l'attendre Suika.

En la voyant, il démarra sa course. C'était follement amusant. Il ne savait nullement où ils iraient, il se contenterait de suivre cette bien sympathique comparse de voyage.

Suika descendit les marches de la taverne quelques minutes après Tsubasa. Elle fit un signe au tavernier, puis sortit par la porte d'en arrière en prenant bien soin de chaparder quelques provisions lors de la manœuvre. Dès qu'elle fut dehors, elle vit Tsubasa qui l'attendait et, ensemble, elles prirent la fuite en rigolant.

-Dis, t'as envie de retourner voir si la fille d'hier est encore endormie dans le champ? Suis-moi, on va y aller!

Ce qu'elle ne disait pas, c'est qu'elle avait un horrible sens de l'orientation. Et horrible signifie presque absent dans ce cas-là.

[Nous allons ici!]